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«VRAI, JE SUIS PLUS HEUREUX »

Avec l’arrivée de Marco Simone, Yannis Tafer donne l’impression de faire plus et mieux. Et si c’était lui, le leader que le LS espère?

C’est l’histoire d’un rôle à contre-emploi aux vertus libératrices. Le récit d’un exil incertain qui a peut-être tout changé. Retour en arrière. Samedi 23 novembre à Berne, Marco Simone choisit pour ses débuts en Super League d’aligner Yannis Tafer dans le couloir droit d’un 3-5-2 ultra-offensif.

«Hérésie», s’exclament alors tous les observateurs réguliers du LS («Le Matin» compris). Comment ce créatif axial, finisseur talentueux à l’allure un rien nonchalante allait-il se transformer en un infatigable «extérieur»? Réponse: en multipliant les efforts avec générosité et clairvoyance avant de ponctuer sa démonstration d’une frappe victorieuse de 25 mètres!

Les kilomètres de Berne

Depuis cette soirée surprenante, Yannis Tafer a retrouvé l’axe du terrain (milieu relayeur) puis le chemin du but (contre Sion). Mais ce n’est pas tout: quelque chose en lui a changé. Une attitude, un petit supplément d’envie. Tout sauf un détail. «C’est vrai, on peut dire que je suis plus heureux, nous a-t-il confié cette semaine à la sortie d’une séance de deux heures et demie. Marco Simone me fait confiance. Avec lui, j’ai toujours été aligné alors que, sous Laurent Roussey, c’était un match sur le terrain et un autre sur le banc. Or j’ai besoin d’enchaîner pour emmagasiner de la confiance.»

On lui soumet alors l’idée de cet exil libérateur sur le côté. Comme si le technicien italien lui avait délibérément confié un rôle à contre-emploi pour le sortir de sa zone de confort. Un coup de poker pour libérer le guerrier caché derrière le vernis du dilettantisme. «Je ne sais pas si le coach a fait exprès, je ne suis pas dans sa tête. Mais on va dire que ces deux matches sur le côté m’ont fait du bien. Au départ, je me suis dit: «Oula, mais je ne vais pas être performant à ce poste.» J’ai même eu un peu peur de la répétition des efforts et des exigences tactiques. Mais au final, j’aimerais bien savoir les kilomètres que j’ai parcourus à Berne. Si quelqu’un vient me dire que je suis dilettante après ce match-là, je n’y comprends plus rien.»

La phrase claque dans un mélange de fierté (justifiée) et d’agacement. Visiblement, Yannis Tafer n’aime pas être suspecté de minimalisme. Un soupçon qui plane histo-riquement sur la tête des vrais doués. Souvent injustement. Puisque la facilité masque l’obstination plus souvent qu’elle ne s’y substitue. «En effet, ça m’énerve d’entendre ce genre de jugements. On me dit souvent que je suis un peu nonchalant, mais cela doit tenir de ma démarche, de ma façon de courir. C’est juste une impression. Déjà parce que je ne suis pas un tricheur, je donne tout sur un terrain pour aider le groupe. Et puis je suis un faux lent; quand je décide d’accélérer, je vais vite.»

La confiance du staff

Le plaidoyer est convaincant, dans la forme comme dans le fond. «Vous savez, un neuf et demi travaille aussi beaucoup. Mais ses courses sont moins visibles, parce que plus courtes, plus saccadées, car il cherche sans cesse à se démarquer dans les intervalles. Peut-être que ce poste sur le côté a permis à certains de voir le terrain que j’étais capable de couvrir. Cela dit, les avis extérieurs m’importent peu. Seuls ceux du staff et de mes coéquipiers comptent.»

De ce côté-là, le Français n’a pas de souci à se faire. Car alors que Laurent Roussey ne lui avait offert que trois «matches pleins» cette saison, Marco Simone a toujours profité de son talent jusqu’à la dernière minute. Un choix déjà payant puisque les deux derniers de ses cinq buts sont tombés après l’heure de jeu. «Pour moi, disputer cette dernière demi-heure est quelque chose d’essentiel. Car c’est en fin de match que tu dois faire les efforts mentalement, c’est là que tu progresses.»

Un leader technique

Or «progresser», Yannis Tafer en fait justement une obsession. D’abord «pour aider le LS et ce groupe avec qui (il se) sent vraiment bien.» Mais aussi parce que l’ancien Lyonnais ne veut plus perdre de temps (il fêtera ses 23 ans en février). De là à endosser le rôle de leader technique laissé vacant après le départ de Chris Malonga? «Bien sûr que j’en ai envie. Je vis ma deuxième année ici, ma première saison pleine puisque j’étais arrivé blessé. Aujourd’hui, je me sens mieux et j’ai envie d’apporter davantage, de tirer le groupe vers le haut. Alors évidemment que je ne suis pas le genre à parler dans le vestiaire; Guillaume (Katz), Yaya (Banana) ou Jérôme (Sonnerat) le font naturellement. Mais j’ai vraiment envie de montrer l’exemple dans le jeu.»

Avec cinq buts (4 en Super League et 1 en Coupe), Yannis Tafer est actuellement le meilleur buteur du Lausanne-Sport. Peut-il atteindre la barre des douze réussites par la grâce d’un printemps inspiré? On est prêt à relever pari. Et cela même si Marco Simone lui réservait quelques nouveaux exils sur le côté.  

Feindouno toujours en attente

En 82 minutes sous le maillot lausannois, Pascal Feindouno a récolté 6 points. Un ratio proprement hallucinant à l’échelle du début de saison vaudois! Alors forcément, avec un tel rendement, la prolongation de son contrat prend des allures vitales. Or le document – prêt à la signature – est toujours suspendu au résultat d’un dernier examen médical. «S’il n’était question que de l’intérêt du club, nous aurions déjà signé, explique Alain Joseph. Mais en qualité de chef d’entreprise, c’est un principe presque éthique de ne prendre aucun risque avec mes employés. Pascal et son épouse ont parfaitement compris cette position. Les choses vont dans la bonne direction, mais on sera définitivement fixés lundi ou mardi.» Pour rappel, un caillot de sang avait été diagnostiqué dans le mollet du joueur après le match contre Aarau. Sur le plan des transferts, Alain Joseph reconnaissait hier des discussions avec «deux attaquants barrés dans leur club», tout en admettant que «les choses se décanteraient certainement dans une dizaine de jours».