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Le foot romand vu par la Suisse allemande

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Message par Thierrible Lun 16 Fév 2009 - 19:02

Simon Meier

Outre-Sarine, on oscille entre tristesse et incompréhension lorsqu’il s’agit de commenter le sort de Sion, Xamax, Servette ou Lausanne.

Tristesse et incompréhension. C’est ce que renvoient les Suisses alémaniques lorsqu’on les interroge sur la santé peu reluisante du football romand. Sion et Xamax, les deux représentants actuels de Super League, sont contraints à lutter contre la relégation (lire ci-dessous); Servette et Lausanne, les deux fleurons les plus titrés, végètent à l’étage inférieur, dans l’indifférence. Pourquoi, comment en est-on arrivé là? Outre-Sarine, les experts auxquels nous avons soumis le cas se refusent à penser que l’homo alemanicus puisse être plus malin que son cousin romand. Mais lorsqu’il s’agit d’expliquer le déclin des «Welsches», on se gratte la tête.

Peter Birrer, journaliste à la Neue Zürcher Zeitung: «Comment se fait-il que Lausanne, grande ville olympique, ne soit pas capable d’entretenir un club de Super League, même avec un budget médiocre, comme Aarau ou Lucerne?» Andy Egli, entraîneur sans club et ancien joueur de Grasshopper, Dortmund, Xamax et Servette: «Je me demande ce qu’il se passe, je n’arrive pas à comprendre.»

Cherchons. Pourquoi aucun club francophone n’est-il parvenu à prendre l’aspiration amorcée voici dix ans par le FC Bâle, suivi depuis par Zurich et Young Boys? Pourquoi le fossé s’est-il creusé? «C’est dommage mais cela correspond à une logique économique», estime Hansjörg Schifferli, journaliste et «vieux loup» des stades helvétiques. «L’économie lémanique se porte moins bien que la zurichoise ou la bâloise. Et quand Xamax était champion, c’était grâce à l’argent de Facchinetti.»

Le manque d’argent ne saurait être considéré comme la cause unique du mal. D’ailleurs, tous les clubs alémaniques ne sont pas riches, ni même bien gérés. Alors, quoi d’autre, docteur? «A Saint-Gall par exemple, les dirigeants ont parfois fait n’importe quoi», reprend Hansjörg Schifferli. «Ils sont descendus en Challenge League quand il ne fallait pas, mais il y a toujours eu 10 000 spectateurs. Il y a une vraie identification à sa ville, à son club, qu’on ne trouve pas en Suisse romande – Sion est un cas particulier. A Lausanne et Genève, les gens ont très vite appris à vivre sans club parmi l’élite. Une histoire Marc Roger, en Suisse allemande, je ne crois pas que ça aurait été possible. Les gens n’auraient pas laissé faire. Des clubs comme Bâle ou Lucerne forment le centre de toute une région. Il y a un patriotisme local. Quand Grasshopper était au bord du gouffre, les vieux, les Berbig, Spross et Vogel sont revenus.»

Roger Berbig, précisément. Le président de GC, ancien gardien international, chirurgien et homme de cœur, livre une approche sentimentale du creux footballistique romand: «La Super League sans Servette ni Lausanne, c’est terrible. Ils ont eu de si belles équipes… Je ne sais pas comment c’est possible, mais quand je vois à quel point Grasshopper a pu se trouver en danger il y a deux ans, je me dis qu’avec un petit coup de crasse en plus, on tombe vite en faillite.»

Sion et Neuchâtel Xamax, eux, ont su éviter la banqueroute dans un passé récent – d’extrême justesse. Mais avec un budget annuel qui tourne autour des 15 millions de francs, les résultats ne suivent pas. Christian Constantin et Sylvio Bernasconi, les deux présidents, cherchent en vain la formule. Problème de compétence, manque de jugeote? «Effectivement, on peut se poser la question…» rigole Andy Egli. «Je n’habite pourtant pas loin, à Berne, mais j’ai souvent du mal à comprendre ce qui se passe à Sion. Notre cher Constantin et ses projets… Il y a un décalage entre la volonté de monter un club puissant et une gestion un peu étrange. Quant à Bernasconi, il donne parfois l’impression de vouloir l’imiter. Dans les meilleurs clubs de Suisse romande, on change trop souvent les personnes aux postes clés. C’est idiot de changer d’entraîneur tous les six mois. Que fait-on du capital humain? Il faudrait, une fois, faire confiance à quelqu’un sur trois ans.»

Peter Birrer sale encore le portrait croisé du patron sédunois et du boss neuchâtelois: «Deux rois qui dégagent beaucoup d’inquiétude, un sentiment d’urgence permanent, et qui mettent la pression sur l’équipe. Le discours, c’est «j’ai mis de l’argent, je veux des résultats tout de suite»! Ce cirque ne surprend plus, mais il fait rigoler. Même si, dans le fond, ce n’est pas drôle.»

Tristesse, incompréhension. Nostalgie du jeu à la romande, aussi. Roger Berbig râle un peu en évoquant ces satanées Charmilles où il n’a jamais gagné un match. Mais il n’oublie pas de souligner la qualité du jeu servettien de l’époque. Andy Egli, Zurichois pure souche, avoue pour sa part que son cœur de gamin battait pour le grand Lausanne-Sports des années 1960. «Il y avait les Dürr, Tacchella, Zappella et Schneider dans les buts… Magnifique! Et le Xamax de la fin des années 1980, grâce au travail exceptionnel de Facchinetti. Sion et ses dix finales de Coupe gagnées… La tradition Servette… Aujourd’hui, il ne reste presque plus rien. On ne travaille plus à la formation des jeunes.»

Manque de vision, carences financières, faible soutien populaire, absence de résultats: tout est intimement lié… Marco Schällibaum, entraîneur de Bellinzone après avoir notamment coaché Servette et Sion, rappelle qu’on peut, à l’image des Tessinois, faire bien avec presque rien: «Bellinzone est monté en Super League avec 3 millions de budget, mais ça faisait deux ou trois ans qu’il y avait un projet. Après, ce n’est pas facile de réunir tous les ingrédients du succès. Servette avec ses 4 millions en Challenge League, ça me fait mal au cœur. Le fait est qu’à Genève, les gens qui ont de l’argent n’en ont rien à cirer du foot. Quand on pense que la faillite aurait pu être évitée pour 10 millions…»
Thierrible
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